J’inaugure cette section avec
Vidéobox, un des éditeurs les plus recherchés dont certaines cassettes atteignent des sommets sur les sites de vente spécialisés, le record étant (à ma connaissance) de 782,77 € sur eBay pour "L’Île des femmes nues" !
(Edit : depuis la rédaction de cet article, certaines pièces se sont vendues plus de 1000 euros sur certains groupes Facebook)
Ce succès est très probablement dû en grande partie au fait que Vidéobox était l'un des seuls éditeurs à proposer des titres du catalogue Robert de Nesle / Comptoir Français du Film, en particulier les films de Jess Franco dont les droits sont restés bloqués jusqu'en 2011 !
Les sources fiables étant difficiles à trouver, certaines informations de ce dossier sont au conditionnel, d'autres sont incomplètes, voire peut-être fausses. N’hésitez donc pas à partager les informations dont vous disposez afin de rendre ce dossier le plus complet possible…1) Un éditeur franco-belge :Vidéobox présente la particularité d’avoir édité des cassettes à la fois en France et en Belgique. Certaines jaquettes sont donc présentées en version bilingue français/néerlandais d’autres sont uniquement en français :
… et certaines sont exclusivement en néerlandais :
Au niveau des langues on a généralement droit aux versions françaises, parfois sous-titrées en néerlandais et plus rarement à des versions anglaises sous-titrées en français, parfois en français et en néerlandais :
Il existe également une collection consacrée au cinéma belge qui ne comptera que trois titres : "Isabelle devant le désir", "L’amoureuse" et "La question royale".
Malgré l'existence d'un siège social situé au 248, avenue Louise à Bruxelles, toutes les jaquettes Vidéobox indiquent "Vidéobox - Paris" (et parfois l’adresse "124 bis, avenue de Villiers 75017 - Paris")
On remarque la présence d'une charmante demoiselle francophone prénommée Barbara sur certaines des premières cassettes éditées :
Elle présente le film (de façon très succincte, il faut bien avouer) et annonce les titres à venir chez Vidéobox à la fin du film.
2) Les débuts :L'homme à l'origine de l'aventure Vidéobox est belge et s'appelle Jean-Pierre Van de Putte. Longtemps exploitant de salles de cinéma associé à la compagnie de distribution Eurafilms, il est le premier en Belgique à se lancer dans l’aventure de la vidéo, en 1979. Il utilise pour cela les bobines des films maintes fois projetées dans ses salles, ce qui explique l’état déplorable de certaines copies, en coupant certains passages trop abîmés ou jugés trop érotiques... Le film "Sweet Love", édité chez Video Marketing avec une durée de 93 mn, sera ainsi ramené à 65 mn chez Vidéobox. M. Van de Putte devait parfois reconstituer le film à partir de bobines non numérotées, faisant appel à sa mémoire, avec l'aide d'amis ayant vu le film...
Il part également du principe qu’ayant acquis les droits pour la diffusion en salles, rien ne l’empêche d’éditer ces films sur cassette. On peut supposer qu’il bénéficia du vide juridique des débuts de la vidéo ainsi que du statut binational de sa société…
Jean- Pierre Van de Putte s'associera rapidement avec Victor Bialek, fondateur de VIP, le premier éditeur français. Plusieurs des premiers titres édités par Vidéobox font donc partie du catalogue VIP (les films avec Alain Delon, par exemple) et leurs étiquettes portent la mention "Videocopyright 1978 VIP International" (1978 étant la date d'acquisition des droits par VIP).
On trouve également des Vidéobox éditées sous copyright "Video Marketing", le label d'Henry Zaphiratos :
A noter également une collaboration avec l'éditeur néerlandais VML qui a édité certains titres avec des visuels identiques et des étiquettes Vidéobox sur les cassettes :
3) Les formats :Vidéobox a tout d'abord commercialisé des cassettes VCR, un format créé en 1972 qui n'a connu aucun succès en France :
(Photos: 8537935)Ce format figure d'ailleurs sur la présentation au début des bandes des premières cassettes éditées (à droite). On trouve également les formats Betamax (à gauche) et VHS (au milieu). Vidéobox éditera également des V2000 (VCC) à partir de 1981.
4) Les jaquettes :Les premières VHS étaient conditionnées dans de petits boîtiers en plastique souple, les jaquettes étaient composées de trois morceaux (parfois quatre : certaines ont deux tranches) insérés dans le boîtier.
Si l’on trouve des jaquettes imprimées, d’autres en revanche (probablement plus anciennes) comportent de véritables photos collées sur la jaquette.
Il existe également quelques éditions dont la jaquette, scellée dans le boîtier, est composée d'un seul morceau comprenant les recto, verso et tranches :
(Photos : Michael Fuchs)Il est assez rare de trouver des VHS dans leurs boîtiers souples : les différentes parties sont généralement collées sur une feuille de papier noir insérée dans un boîtier traditionnel s’ouvrant en deux. On peut supposer que certains de ces collages ont été effectués par les gérants de vidéoclubs qui trouvaient ces boîtiers souples peu pratiques, mais l’éditeur lui-même abandonna progressivement ce conditionnement.
Les premières Betamax aussi étaient vendues dans des petits boîtiers en plastique souple :
(Photo : brucecampbell)Les jaquettes étaient là aussi composées de trois ou quatre morceaux séparés.
Autre différence notable : étant donné la taille réduite des cassettes Betamax, le verso des jaquettes ne comportait que 4 photos contre 5 sur les VHS :
Peu à peu, les jaquettes en morceaux séparés seront remplacées par des jaquettes traditionnelles généralement dessinées :
5) Les étiquettes :Les couleurs dominantes des étiquettes Vidéobox varient selon le genre du film :
- roses ou mauves pour les Erotiques (numéro de catalogue commençant par A)
- vertes pour les AV (Aventure)
- orange pour les CO (Comédie)
- jaunes pour les DP (Drame Psychologique)
- oranges ou jaunes pour les WE (Westerns)
- bronze pour les HI (Historique)
- rouges pour les HO (Horreur)
- vertes pour les J (Jeunesse)
- bleues pour les PO (Policier)
- blanches pour DO (Documentaires)
- dorées pour FB (Cinéma belge)
- marron pour les G (Guerre)
- ? pour les VA (Variétés)
Chaque étiquette comporte non seulement le numéro de catalogue mais également un numéro individuel (parfois écrit à la main) que l’on retrouve également sur la bande de sécurité du boîtier.
Les étiquettes des
VHS sont rectangulaires d’une taille de 8 sur 4,7 cm environ :
Celles des
Betamax mesurent 6,4 sur 7 cm :
Quant aux
V2000, étant donné la forme des cassettes, les étiquettes étaient collées au fond des boîtiers et généralement, seul le numéro individuel figurait sur la cassette :
La partie du haut de certaines V2000 comportait néanmoins une bande identique à celles que l'on trouve sur les tranches des VHS.
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6) La collection particulière "X" :Éditée en 1979, cette collection qui ne comportera que 6 titres, dont 4 de Jesus Franco ("Le jouisseur", "Les grandes emmerdeuses", "Les chatouilleuses" et "Plaisir à trois") et deux d’Alain Payet ("Prostitution clandestine" et "Furies sexuelles") porte bien son nom : les jaquettes de ces cassettes comportent deux tranches attachées au recto qui est imprimé des deux côtés et le verso est indépendant…
D’autre part, on constate que la largeur de la jaquette est très exactement la même que celle des VHS ! Comment ces cassettes étaient-elles conditionnées à l'origine ? Vraisemblablement dans un boîtier transparent ouvert en haut, ce qui devait donner une présentation de ce type :
7) Évolution et fin de l'aventure :Dès 1982, Vidéobox est distribué par D.I.A. (Distribution Internationale Audiovisuelle) en France et au Bénélux : on trouve donc de nouveaux numéros de catalogue et le design des jaquettes évolue :
Référence éditeur : 09.21.022
Référence éditeur : 09.11.003
Certaines jaquettes ont désormais une étiquette "D.I.A." collée ou imprimée en haut de la tranche :
... et on y trouve l'adresse : "130, rue de Courcelles - 75017 Paris".
Quelques titres du catalogue Vidéobox ont été édités par le label X Ovide qui était également distribué par D.I.A. Les jaquettes comportent la mention "Vidéobox présente" et certaines cassettes ont même une étiquette Vidéobox :
Attention : on peut assez facilement trouver des rééditions vendues avec des jaquettes photocopiées et redimensionnées pour entrer dans un petit boîtier. L'étiquette sur la cassette est blanche dans un cadre noir, identique aux rééditions Ovide ou Pin-Up.
Il est fort probable que ces rééditions soient dues à un éditeur n’ayant rien à voir avec Vidéobox et qui ne détenait peut-être même pas les droits… Parmi les plus courantes, on trouve "Les Amazones de la luxure", "La fille de Dracula", " Les démons", "La nuit des pétrifiés", "Délirium", etc.
En grand spécialiste du "recyclage" de jaquettes, Socaï-Films a notamment édité "La crypte du fou" et "L'île des femmes nues" en utilisant les jaquettes Vidéobox :
Enfin, une société française spécialisée dans les films pour enfants a édité une série de dessins animés (distribués par VIP) sous le nom "Vidéobox ©Junior Production" avant prendre le nom de "Télé Junior Vidéo" (distribution Topodis).
L’aventure prend fin en 1983 : Vidéobox, comme la plupart des petits éditeurs indépendants, a été victime du succès commercial de la vidéo qui a attiré les grosses compagnies multinationales et fait flamber les prix réclamés par les ayants-droit des films...
Jean-Pierre Van de Putte fréquentera encore pendant quelques années les foires au cinéma et autres brocantes de la région bruxelloise où il vendait le matériel qui lui restait. Il semblerait qu'il soit décédé depuis...
Quelques publicités et documents d'époque :Le stand Vidéobox au Vidcom 1980Décembre 198119821983Les cassettes répertoriées sur VHSdb :Vidéobox – Belgique Vidéobox – France Un grand merci à M. Van Passen, à Christian Libert et à tous les contributeurs de VHSdb et du
Cinehound Forum pour leurs scans et photos !